Juin 2018 Lauréate : Docteur Claire Konzelmann

Claire KONZELMANN

Dr Claire Konzelmann

KONZELMANN
KONZELMANN
KONZELMANN

prix de thèse

Vous êtes venus nombreux, d’horizons divers, de l’ARS, de la CPAM, du monde journalistique, et bien sûr des représentants du Conseil Régional d’Ile de France et National de l’Ordre des médecins et je vous en remercie vivement car nous allons passer ensemble un moment à la fois festif mais solennel puisqu’il s’agit de remettre à la jeune lauréate élue cette année, le prix de thèse Jean Claude Leclercq 2018.

Nous nous réunissons afin de récompenser un travail méritant et d’épauler nos jeunes confrères. Nous souhaitons également évoquer le souvenir de celui qui aura laissé une empreinte indélébile dans notre Conseil.

Cette année, nous sommes un peu déçus car nous avons récemment appris qu’un empêchement majeur nous priverait de la présence de Claire KONZELMANN, mais elle a tenu à se faire représenter sur le plan professionnel par sa directrice de Thèse, le Docteur Julie GILLES de la LONDE, et sur le plan affectif par ses parents, et je les remercie vivement de leur présence.

Pour moi, en effet, le moment est festif mais il est aussi solennel, et j'ai une grande fierté à le partager avec vous.

C’est aussi un grand moment d'émotion puisque ce prix, qui est baptisé « Jean Claude Leclercq » fait référence à mon prédécesseur auquel je veux rendre, cet hommage, afin qu'on ne l'oublie pas !

Il nous avait abandonnés très brutalement en plein mandat en ce mois de mai 2014 et je me souviens encore de son visage radieux, de ce bon sourire, de ce regard pétillant, et de cette générosité qui le caractérisait. Je me souviens aussi des propos complices que nous avions échangés tous les deux sur l'avenir de la Médecine, celui des médecins et celui du Conseil de l'Ordre.

Pour l'avenir de la Médecine, c'était un visionnaire et il sentait bien qu’elle allait forcément évoluer : la télémédecine et l’intelligence artificielle lui donnent entièrement raison ! Il faudra compter avec les algorithmes demain même si le contour de leur niveau juridique est encore un peu flou et risque d’écorner un peu l’éthique de la profession.

Pour les jeunes médecins, il avait largement anticipé sur leur rôle indispensable dans la vie libérale et dans les territoires, on parlait à cette époque des « bassins de vie ». Il savait qu’il fallait leur montrer un intérêt constant. Il n’imaginait pas cependant l’ampleur qu’allait prendre le terme de « désert médical » mais Il avait tracé des ornières prônant l’intérêt que nous devions apporter à nos jeunes confrères , déjà peu pressés de reprendre une patientèle, préférant prolonger le statut de médecin remplaçant que nous évoquerons dans un instant ! Jean Claude Leclercq avait montré un chemin et je n’ai eu qu’à suivre cette voie.

 Pour l'Ordre, il montrait déjà son inquiétude car d’abord menacé dans son existence sous Mitterrand, puis calomnié par les propos médisants de Mélenchon pendant la dernière campagne électorale, enfin ce paradoxe absurde et récemment retoqué par le Conseil d’Etat, imposant une « limite d’âge » lors de nos dernières élections, montre que notre Institution est bien mal connue et véhicule toujours des idées fausses quant à son histoire. Raison de plus pour que les volontaires élus, riches d’expérience puissent la transmettre aux plus jeunes !

A propos de la limite d’âge je tiens à préciser que j’ai toujours trouvé incohérent de permettre à des médecins de dispenser leurs soins sans limite d’âge, et je veux rendre un hommage public à notre ancien Président, Michel LEGMANN, qui a obtenu après un âpre combat, que nos médecins retraités puissent rester actifs, sans limite de temps, alors leur interdire de représenter notre profession était absurde : notre secrétaire général pourrait encore une fois, citer le roi UBU et sa tragédie …

Des bouleversements vont survenir prochainement dans notre déontologie sur la fin de vie, et la bioéthique, sur l’information et la publicité et même sur l’installation des confrères sur plusieurs sites : une intense réflexion est nécessaire évidemment pour l’éthique et la morale puissent être respectées !

Jean Claude Leclercq était un homme bon et généreux, qui avait une foi inconditionnelle dans son métier avec ses patients pour qui il était particulièrement dévoué. Il avait aussi une foi religieuse inébranlable et je suis bien certain que là où il est, il sourit de nous voir ainsi parler de lui aujourd'hui. Les missions Ordinales ne s’apprennent pas dans les livres, elles se vivent sur le terrain, et après plusieurs mandats successifs, Jean Claude avait, avec une grande générosité, acquis une maîtrise reconnue de la déontologie et son champ d’application.

Il nous manque infiniment, mais je sais bien que c’est à notre consœur, Lise Leclercq, qu’il manque le plus, aujourd’hui encore, ainsi qu’à ses enfants, et je suis heureux de partager avec eux, dans cette maison que Jean-Claude avait fait sienne, et en votre présence, des souvenirs émus …

Aujourd’hui notre rôle est donc triple :

  • • Assurer sa succession dans le droit fil de ses convictions, de sa mémoire et maintenir autant que possible le cap qu’il avait déterminé
  • • Augmenter l'ouverture de l'institution aux confrères pour cesser de véhiculer une information erronée
  • • Développer l'entraide car l'esprit de confraternité est un des moteurs de notre existence ordinale, et que le nombre de confrères en souffrance ne cesse d’augmenter.

La communication :

Est donc, depuis 4 ans maintenant, un axe essentiel de notre existence afin de faire connaître notre passé, de promouvoir nos actions présentes et de rassurer autant que possible nos confrères sur les grands thèmes si anxiogènes qui nous préoccupent tous… Le site internet, les tables Rondes, le bulletin largement diffusé, une permanence confraternelle quotidienne au Conseil assistée par une équipe juridique attentive dirigée par Me PALEY-VINCENT concourent au rapprochement de l’Ordre départemental vers les 8500 confrères des Hauts de Seine.

L'entraide est notre 2éme moteur et elle est fondamentale aujourd'hui avec le nombre croissant du burnout, et de malaise dans la profession. Les patients n’hésitent plus à régler leurs comptes, y compris d’une façon fort lâche, sur la toile du Net, et le nombre de doléances et de plaintes augmente chaque année. De même que les incivilités qu’elles soient verbales ou physiques, ou qu’elles relèvent simplement de la désinvolture ou d’un manque d’éducation et de civisme pour les RV non honorés. 

La posture du médecin est de plus en plus difficile à trouver : accusé il y a encore quelque temps de n’être qu’un tiroir-caisse, il est condamné aujourd’hui pour une familiarité excessive, on lui extorque des certificats inutiles, ou on l’instrumentalise dans des procédures prudhommales ou de divorce … 

Et pourtant quel métier extraordinaire que de soulager la souffrance des autres, quelle relation exceptionnelle et singulière que celle qui réunit ainsi deux individus dans l’alcôve du cabinet médical !

Le jury qui s’est déterminé cette année sur le choix de thèse a longuement réfléchi. Sur le nombre de thèses reçues cette année, 4 seulement avaient été retenues et toutes rédigées par des consœurs, elles étaient très différentes ce qui a rendu notre choix bien difficile.

Je veux féliciter publiquement les autres sujets de thèse portant sur le «  burn out des médecins », « la santé sexuelle des femmes migrantes » ou encore « la prise en charge du malade polyhandicapé ». 

Notre choix a tenu compte de la qualité du travail fourni mais aussi du thème traité : une nouvelle catégorie de médecins fait aujourd’hui son apparition : celle des médecins remplaçants !

Quelle  perception a le patient de ce 3éme personnage ?

Ce travail du Docteur Claire KONZELMANN a retenu notre attention et notre choix pour ce prix car il symbolise parfaitement l’évolution de la société dans laquelle les médecins s’installent de plus en plus tard, mais également ce lien singulier qui nous unit au patient dans la relation médecin-malade !

Afin de ne pas monopoliser davantage la soirée, je laisse la parole à notre Trésorier, le Dr Jacques CARDEY, qui va  remettre ce prix au nom du Conseil de l’Ordre des Hauts-de-Seine.

Mais à titre personnel, je veux d’abord  remettre à sa famille, cette médaille de la Monnaie de Paris, gravée à son intention, qui représente justement notre formidable mission de lutte et d’apaisement, qui est l’apanage exclusif de ce métier dont nous sommes si fiers, et cette carrière que les jeunes débutent ils la doivent bien sûr à leur travail personnel, mais bien sûr aussi à leur soutien familial et à l’éducation qu’on leur a apportée.